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Démographie et émissions de CO2
De toutes les mesures étudiées pour limiter le réchauffement climatique, paradoxalement la plus efficace semble absente des débats. On évoque le plus souvent, et pêle-mêle, la diminution du transport aérien, du trafic automobile, du chauffage domestique ou de l’alimentation carnée, etc. Or, si toutes ces recommandations sont nécessaires, comme l’avait popularisé un tweet de l’AFP d’octobre 2018, et qui reprenait les résultats d’une étude scientifique, le geste le plus efficace sur le plan environnemental serait d’avoir un enfant en moins.
En conséquence, et en plus des prescriptions citées plus haut, il conviendrait d’une part d’alerter l’opinion publique française sur l’importance du facteur démographique afin que chacun puisse y réfléchir et d’autre part d'inciter les pouvoirs publics à cesser de subventionner la natalité au-delà de deux enfants (ce qui constitue le seuil de renouvellement), sans effet rétroactif sur les droits déjà acquis.
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**CONTRIBUTION**
Dans une étude scientifique publiée en 2017 par la revue anglo-saxonne ""Environmental Reseach Letters"", travail popularisé en France un an plus tard par un tweet de l’AFP qui fit un peu de bruit, les chercheurs Seth Wynes et Kimberly Nicholas ont mis en évidence le potentiel de réduction d’émission de CO2 lié à l’adoption individuelle de différentes attitudes écologiques.
On y apprend par exemple que le passage aux ampoules basse consommation a un faible impact, que le recyclage a un impact modéré mais surtout que les quatre comportements ayant un impact élevé (supérieur à un gain de 0,8 tonnes/an de CO2) sont dans l’ordre :
- adopter le régime végétarien (1 t/an),
- renoncer à un vol (A/R) transatlantique (1,5 t/an),
- se passer d’un véhicule à essence (2,5 t/an)
- avoir un enfant en moins (58 t/an)
Ce, sachant que les émissions internes moyennes d’un français sont de l’ordre de 5 à 6 t/an et que son empreinte carbone (avec prise en compte de celle des produits importés) est de 11 t/an.
Il va sans dire que les conclusions de cette étude n’ont pas été contredites à ce jour et donc que les émissions liées à un enfant supplémentaire sont, comme on le constate, extrêmement importantes. Ce calcul a été fait en intégrant les émissions que cet enfant supplémentaire générera au cours de sa vie ainsi que celles de ses descendants. Toutefois les émissions indiquées ici sont bien annuelles, c’est bien chaque année qu’un enfant supplémentaire générera ces 58 tonnes de CO2.
La démonstration permettant de comprendre les raisons du volume de ces émissions pourrait être présentée devant les membres de la Convention.
Tout un chacun ne peut que rester perplexe face l’abîme qui sépare les premières trois décisions de la quatrième. Est-ce à dire qu’il ne faut plus avoir d’enfants ? Evidemment non, puisque cela signerait le déclin rapide de la population et finalement sa disparition. En revanche, on peut raisonnablement se poser la question du bien-fondé d’aller au-delà du renouvellement du couple.
La Convention citoyenne pour le climat pourrait ainsi alerter nos concitoyens sur ce sujet en préconisant par exemple de ne pas dépasser les deux enfants par couple, chacun restant évidemment libre de ses choix en la matière. Dans le même temps, il serait bon qu’elle incite les pouvoirs publics à cesser de subventionner la natalité au-delà de deux enfants, par le plafonnement des allocations et du quotient familial et ce sans effet rétroactif, c’est-à-dire que les familles déjà nombreuses continueraient à être aidées comme par le passé. Il cohabiterait ainsi deux systèmes le temps d’une génération.
Une telle politique publique serait évidemment bénéfique en France métropolitaine, mais aussi dans deux de nos départements d’Outre-mer, à savoir Mayotte et la Guyane. En effet, il faut savoir que les fécondités y sont respectivement de 3,6 et 3,3 enfants par femme et que celles-ci ne sont pas sans influence sur les problèmes récurrents que rencontrent ces deux territoires en termes de chômage ou sur le plan écologique.
De toute façon, dans la situation actuelle de dépendance énergétique et d’effondrement de la biodiversité, l’augmentation régulière de la population française de 2 à 300.000 personnes par an, et qui nous oblige à construire l’équivalent d’une ville de la taille de Nice pendant cette courte période, est une hérésie écologique.
Notons aussi que, même s’il ne s’agit pas à priori des préoccupations de cette assemblée, une limitation des subventions à la procréation, et donc une baisse du nombre d’enfant par famille, pourrait avoir un effet d’exemple sur un continent voisin en pleine explosion démographique et avec lequel beaucoup de nos compatriotes ont des relations privilégiées, tant il est vrai que les démographes expliquent en partie la timide baisse de la fécondité de certains pays africains francophones par l’importation de notre modèle familial.
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**A PROPOS**
"Démographie Responsable est une association écologiste décroissante militant pour que la question de nos effectifs ait toute sa place dans l’ensemble des débats sur l’environnement.
Dans le respect absolu des droits humains, elle est favorable à une stabilisation et, à terme, à une diminution douce de la population de manière à mieux protéger les équilibres écologiques et l’avenir de l’humanité."
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